« Les Deux Amours… » (La Voix du Nord)

Publié: 13/10/2011 dans News, Presse

Les deux amours d’un directeur d’une troupe de théâtre de rue entre drame vériste et opéra rock sous une toile de cirque…

jeudi 06.10.2011, 05:05 – La Voix du Nord
Habitué au plein air, Philippe Freslon monte un spectacle sous chapiteau. Le public y sera debout.

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La recette avait été éprouvée à Condé-sur-Escaut et à Anzin avec une « Carmen » à l’intérieur d’une arène métallique quand Valenciennes était capitale régionale de la culture. La compagnie Off, troupe tourangelle de théâtre de rue que l’on avait peut-être remarquée dans la parade de Lille 2004, est de retour pour Béthune 2011. Cette fois avec « Pagliacci », alias « Paillasse », l’opéra de Leoncavallo rendu célèbre par le grand Caruso. Sous un chapiteau. « J’ai deux amours, le cirque et l’opéra », annonce Philippe Freslon, le metteur en scène et directeur de la troupe qui a fait ses classes à Berlin où il a tâté du cirque alternatif. Et qu’inspire la friction entre l’art populaire du cirque et l’art savant du bel canto.

Ce ne sera cependant ni du cirque pur ni de l’opéra orthodoxe qu’il présentera dès demain après-midi sur la place du Général-de-Gaulle. « Il y aura de la sciure mais ce sera pour le décor. Je ne recherche pas la prouesse circassienne. Il n’y aura pas d’acrobate et la trapéziste sera une danseuse.

L’univers du cirque sera là pour ce qu’il porte d’exubérance, de générosité. » Quant à l’art lyrique, il sera présent dans les voix. Sur une musique interprétée à la guitare électrique, au saxophone et aux percussions. « L’adaptation d’Angélique Cormier et Sylvestre Perruson respecte la ligne mélodique de Leoncavallo », indique Philippe Freslon en révélant que les chanteurs (le ténor Nicolas Gambotti, le baryton Sergei Stilmachenko, la soprano Florence Barbara) s’étaient montrés un peu hésitants, sinon réticents, au début, mais qu’ils s’étaient rapidement laissé prendre au jeu.

Le compositeur Leoncavallo disait s’être inspiré d’un fait divers réel survenu en Calabre en racontant l’histoire d’un acteur de commedia dell’arte (Canio-Paillasse) qui poignarde son épouse infidèle (Nedda-Colombine) et son amant (Silvio-Arlequin) sous les applaudissements d’un public croyant à un meurtre de théâtre. L’adaptation de Philippe Freslon suit d’abord à peu près fidèlement le livret. Puis elle s’en écarte : « J’ai imaginé que l’histoire débutait sept ans après le meurtre. Canio sort de prison et retrouve la fille que Nedda a eu avec son amant… » Un Canio qui déboule sous le chapiteau au volant d’un pick-up des « Raisins de la colère ». « L’orchestre a côté West Side story. Il y a aussi des élans felliniens et une cruauté jodorowskienne », s’échauffe le concepteur d’un spectacle que les programmes de la saison 3 de la capitale de la culture nous promettent comme « un monument lyrique populaire dans une version inédite, décoiffante et dépoussiérée. » •

CHRISTIAN LARIVIÈRE

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